Afin d’attirer les acteurs culturels et entraîner le développement local, l’image d’une ville peut reposer à la fois sur une politique de grandes institutions (la notoriété des grands équipements et la qualité de leur programmation donnent une hiérarchie des villes), une politique culturelle avant-gardiste (les nouvelles formes artistiques et culturelles comme les espaces non-conventionnels, les friches, les squatts, les arts de la rue, les cultures urbaines qui donnent une image d’acteurs hors-champ institutionnel) et une volonté de rayonnement (grâce à la présence d’acteurs culturels insérés dans les réseaux internationaux et l’implication des acteurs dans les projets de dimension au moins nationale). Les pratiques non institutionnelles sont reconnues comme critères de vitalité d’une ville et de son public (Vivant, 2007). Selon le cabinet d’étude TMO (2002) Grâce à la combinaison des champs universitaire et culturel, la notoriété culturelle du territoire rennais se construit à partir de :
- l’antériorité de Rennes en matière de dynamisme culturel (une des premières Maisons de la Culture, un Centre chorégraphique national, un festival de renommée nationale depuis 1978, une des premières inaugurations d’un commerce FNAC et d’un VIRGIN en France),
- la présence de grands équipements (opéra, Théâtre national de Bretagne, musée
des Beaux-arts, centre d’art contemporain, conservatoire de Région),
- la notoriété ou l’image de plusieurs lieux culturels autres que les lieux institutionnels. L’UBU, l’Aire-Libre, l’Arvor, la Péniche-Spectacles, Le Jardin Moderne, la Criée… sont autant de lieux qui valorisent ceux qui les citent,
- la présence d’acteurs connus ou dont le travail est apprécié (artistes ou gestionnaires),
- les grands événements (Transmusicales, Tombées de la Nuit, Travelling et Mettre en scène, ainsi que Mythos et Marmaille permettent de parler des 3T et des 3M),
- l’existence d’équipements de quartiers (Triangle, Rallye, Paillette, Tambour),
- la reconnaissance d’un rôle régional grâce à une offre culturelle large et diffusée.
Mais les faiblesses de Rennes sont liées à sa petite taille : une ville moyenne et peu cosmopolite ne rime pas avec la citadinité culturelle. Les grandes villes sont associées à l’émergence de nouvelles formes de cultures urbaines, lesquelles se nourrissent du vécu des cités et de la rencontre de logiques et de traditions culturelles différentes, et plus particulièrement du métissage des cultures. Les autres faiblesses portent sur les arts plastiques, la faible politique de résidences d’artistes, une politique d’équipement insuffisante, un manque de passerelles entre le monde de la culture et les technologies, ce qui aboutit d’une manière générale à une image qui vieillit si elle ne repose pas sur des actions concrètes. Ces faiblesses ont trouvé un écho avec des efforts incarnés par la place aux Cultures. Ce projet urbain achevé en 2008 donne une place centrale à la culture au sein de Rennes.
Avec les rénovations urbaines de la décennie 2000, les activités culturelles ont déserté le centre-ville. Des manifestations qui ont fait la renommée de Rennes, comme les Transmusicales, en ont été écartées. De surcroît, avec l’ouverture de salles de spectacles à Brest, Caen ou Nantes, les tournées d’artistes sont moindres. La salle provisoire du Musikhall, installée à l’extérieur de la ville au parc des expositions, ne réfère pas à la centralité urbaine. Pour contrer cette situation, la restructuration de l’esplanade du centre-ville renommée Place aux Cultures s’appuie sur des équipements existants (les Champs-Libres ouverts en 2006, l’espace jeunesse le 4 bis ouvert en 2007, la salle de spectacle le Liberté réouverte en 2008, le complexe cinématographique dessiné par Christian de Portzamparc, ouvert en 2008) pour créer le plus important pôle culturel de l’agglomération, en plein cœur de ville, non loin du TNB.
A partir de la montée de la Culture dans la fabrication de l’image rennaise au fil des 25 années de promotion territoriale, à défaut d’être quantifiée comme outil de développement territorial, elle participe aux valeurs de la ville. Les conditions sont rassemblées pour mesurer l’impact d’un positionnement culturel rennais, impulsé par le développement des images événementielles qui agissent de manière plus ou moins indirecte sur la production d’image (Barthon, Garat, Gravari-Barbas & Veschambre, 2007).