Cet espace rassemble des informations sur la communication terrioriale,
prioritairement sur la promotion de la ville et la production de son image.

Les thèmes de la Culture, des Projets urbains, de la Proximité, du Patrimoine,
du Développement économique ou touristique, de la Durabilité sont souvent traités, essentiellement par les villes et métropoles mais parfois aussi
avec d'autres types d'espaces, quelles que soient les échelles.

Marque mondiale

Le week-end du 23-24 janvier 2009 s’est tenu un événement sportif dans la ville de Québec, qui, par son originalité, participe à placer la ville dans les villes de neige qui comptent dans le monde. Le Red Bull Crashed Ice est une exhibition sportive qui fait patiner des compétiteurs qui ont le goût du risque. Croisement entre le hockey, le ski de descente et le snowboardcross, ce sport de sensation émane un imaginaire qui sied bien à la marque de boisson Red Bull. Les images exceptionnelles de la ville de Québec pendant cette compétition sont une vitrine notable et ce pour moins de 200 000 $ de dépense publique. L’affiche (ici juste le fond de l’affiche) met en avant le géosymbole qu’est Frontenac, ce qui constitue un atout différenciateur double la ville : par son événement qui l’inscrit dans le réseau des villes de neige et par son château de princesse.
Quelques ministres Québécois ont demandé aux organisateurs que l’événement ait un nom francisé lors des prochaines sessions. Sans pour autant compromettre la tenue de l’événement à Québec, en soulignant l’importance du fait français au Québec, un événement au nom anglophone au sein de la capitale nationale est estimé comme une anomalie. L’Association pour le soutien et l’usage de la langue française a déjà proposé les noms comme « Patinage extrême Red Bull » ou « Patinage casse-cou Red Bull », ce qui n’est pas des plus porteurs ! Red Bull est une entreprise qui travaille à l’international, son événement se tient notamment en Russie, aux Etats-Unis, en Autriche, en Finlande en République tchèque et ce, sous le même nom uniforme et donc aisément identifiable.

Québec devrait bien être consciente de l’intérêt d’avoir un nom unique dans toutes les langues. C’est son cas, tout comme Chicago mais toutes les villes n’ont pas cette chance. New York devient Nueva York en espagnol, London devient Londres en français, Paris devient Parigi en italien. Ces puissantes villes ne parviennent pas à imposer un nom-marque mondial. Québec y parvient bien mais n’aide pas un événement qui la fait rayonner à faire de même, au nom de l’exception culturelle.

Migration américaine

Une partie des métropoles des Etats-Unis sont estimées en croissance démographique grâce aux centaines de milliers d’immigrants qui maintiennent les niveaux de population tandis que les Américains natifs du pays se déplacent ailleurs en Amérique. Même New York aurait perdu environ 100 000 habitants par an si les étrangers n’étaient pas venus entre 2000 et 2006 selon le Bureau du recensement (précisémment, le recensement a révélé que plus de 1 million d’immigrants se sont installés à New York entre 2000 et 2006, tandis que 600 000 personnes, surtout des américains natifs du pays l’avaient quitté). De même, de puissantes villes comme Los Angeles et Boston aussi diminuer sans immigrants, ce qui menace l’économie locale et les marchés immobiliers. La région de Washington a connu sa croissance la plus lente depuis 1990, les nouveau-nés et les immigrants ayant à peine compenser le nombre record de résidents ayant déménagé, selon le Washington Post. La population de la Nouvelle-Orléans a chuté de près de 290 000 habitants depuis 2005, alors que la ville se remet petit à petit de la destruction causée par l’ouragan Katrina.

Selon William Frey, démographe de la Brookings Institution à Washington, les villes sont conscientes que leur développement repose sur l’immigration. Les villes nord-américaines ont des tailles bien au-delà des villes européennes : Quatorze zones métropolitaines ont des populations de plus de 4 millions d’habitants, dont New York, la métropole la plus peuplée (1er Juillet 2006) avec 18,8 millions d’habitants, suivie de Los Angeles (13 millions) et Chicago (9,5 millions). Outre Paris et Londres, les villes de Berlin, Milan, Athènes ou Barcelone, les plus grandes villes européennes peinent à dépasser les 4 millions (cela dépend des limites choisies).

L’american way of life et à travers elle, l’image de l’Amérique et de ses grandes métropoles qui sont les portes d’entrée des Etats-Unis, semblent éviter le déclin à de nombreuses villes.

Les immigrants ont afflué vers les régions métropolitaines des Etats-Unis, stimulant la croissance. Plus récemment, des américains de naissance ont quitté ces mêmes régions, à la recherche d’une meilleure qualité de vie ou de meilleures perspectives d’emploi.

Avec 36 millions d’immigrants aux USA dont environ un tiers d’illégaux, certaines villes ont de quoi compenser leur problème d’attractivité de population locale.

Mais d’une manière générale, les tendances des années 1990 se poursuivent : - D’un côté, les villes de la Sun belt, ensoleillées, continuent leur croissance. Atlanta est la ville la plus dynamique avec une augmentation de 890 000 habitants (2000-2006), portant à 5,1 millions sa population. Les autres fortes hausses concernent Dallas-Fort Worth et Houston au Texas, ainsi que Phoenix dans l’Arizona, et Riverside en Californie.

- De l’autre, les villes du nord-est américain, qui forment la Rust-belt (Ceinture de rouille) et l’ancien cœur industriel américain qui a connu un fort exode, continue de décroître. Près de 60 000 personnes ont quitté Pittsburgh (Pennsylvanie) de 2000 à 2006 et les villes de Cleveland (Ohio), Buffalo, New York, Youngstown (Ohio), et Scranton (Pennsylvanie) voient aussi leur population baisser.

Le clivage augmente entre ces deux types de villes américaines, les unes avec la culture de nouvelle économie métropolitaine et celles de la Rust belt où des coûts de logement et la diminution des perspectives d’emploi a favorisé l’exode.

Si le premier critère de la définition des shrinking cities est la baisse de population, les chiffres des migrations étrangères pose la question du déclin des villes. Bien sûr, ces chiffres sont éloignés des flux étonnants des shrinking cities les plus connues qui ont perdu la moitié de leur population en un demi-siècle (Cleveland passe de 914 000 en 1950 à 478 000 hbts en 1990 ; Detroit (Michigan), de 1,850 millions en 1950 à 570 000 en 1990), Newark (New Jersey) Philadelphia (Pennsylvania) Pittsburgh, Saint-Louis (Missouri) et Youngstown (Ohio) étant les villes suivantes qui ont connu leur apogée dans les années 1930.

Reste à étudier si les unes utilisent des techniques d’attractivité différentes des autres ou si chaque ville agit selon ses ressources et en copiant sur les villes gagnantes.

Grands événements pour le développement territorial

Plus de 30 000 événements par an répertoriés par Sportcal.com, quelque soient leur taille et leur contenu, qu’ils soient ponctuels ou récurrents, dans plus de 140 disciplines sportives, ont lieu dans 172 pays, dont une grande part en Europe et dans les Alpes pour les sports d’hiver. La concurrence entre les villes de villégiature en montagne invite les sites à agir, à la fois pour distraire les touristes, développer les infrastructures et renforcer l’image grâce à des Jeux d’hiver, Jeux régionaux, championnats du monde…

Si auparavant l’initiative privée d’individus, sportifs, hôteliers, clubs, fédérations... était peu soutenu par les pouvoirs publics, désormais, une implication importante des offices de tourisme et des subventions publiques encourage des partenariats public-privés entre initiateurs, bénéficiaires, organisateurs et autorités publiques.

L’événement sportif majeur accueilli dans une ville propose plusieurs apports et inconvénients.

- D’abord sur le plan économique, les revenus de l’événement (en lui-même et via les visiteurs), les investissements pour l’amélioration des infrastructures, les nouvelles mises en réseau d’acteurs sur un thème commun, le savoir faire qui pourra servir de nouveau, font face aux inconvénients comme l’éventuel augmentation du prix des terrains, le déficit possible de l’organisme qui porte l’événement, et les coûts à long terme pour l’entretien des infrastructures (Bieger & al., 2003). Montréal en sait quelque chose, elle vient tout juste de rembourser le prix du stade Olympique fabriqué pour les JO de 1976 (qui n’était pas achevé pour l’inauguration des JO). L’économie locale peut bénéficier de création d’emplois (ponctuellement), d’une expansion régionale stimulée, d’une intensification du tourisme (ponctuellement ou durable), d’une augmentation des exportations et de recettes fiscales accrues.

- Sur le plan écologique, les améliorations des infrastructures (transports ou évacuation des déchets, installations d’épuration des eaux) sont mises en avant pour compenser l’utilisation de larges surfaces pour des infrastructures nouvelles ou améliorées, les effets du volume de trafic, de la consommation d’énergie, de la quantité de déchets et d’eaux usées pendant et durant l’événement (Bieger & al., 2003).

- Enfin, sur le plan social, les avantages sont variés : expériences de travail incomparables, formation et participation des jeunes sous forme de bénévolat notamment, mise en valeur de la condition physique et de la santé. L’apport sur l’identité locale et les nouveaux réseaux doivent empêcher le risque de divisions au sein de la communauté locale. L’objectif est que la cohésion sociale l’emporte pour soutenir l’événement.

Du sport de part le monde : une compétition entre tous les territoires

- A Saint-Moritz (Suisse), un tournoi européen de hockey sur glace est organisé en 1885 et plus tard, les Jeux d’hiver de 1928 et 1948. Les championnats monde de ski alpin en 1974 puis 2003 placent le site comme une référence d’organisation d’événements internationaux. Le marathon de l’Engadine ou le programme hivernal/ estival de sports chics en font un lieu qui développe des événements spécifiques.

- De même à Lake Placid (USA), l’organisation des JO d’hiver en 1932 et 1980 ou les Universiades en 1972 justifient que le site accueille de nouveaux grands événements.

- A Sheffield (Angleterre), les Universiade en 1991 et 300 événements depuis en font une référence en matière de sport.

Toutes les échelles territoriales sont concernées pour s’organiser et se donner les conditions d’accueil optimales.

- Les villes soutiennent les volontés locales pour permettre l’organisation d’événements : le Service municipal des sports de la capitale Olympique Lausanne, le fonctionnement associatif pour l’organisation des JO à Turin afin de promouvoir la ville (www.torino-internazionale.org), un partenariat entre la ville et les milieux sportifs et économiques à Rotterdam (www.topsport.rotterdam.nl), la prise en charge par les acteurs touristiques pour préparer les JO de 2010 à Vancouver (www.tourismvancouver.com/meeting) sont autant de manières de proposer une gouvernance locale génératrice d’action.

- A l’échelle régionale, l’Etat de Victoria en Australie (www.vmec.com.au) porte la ville de Melbourne pour les JO, les championnats du monde ou les Jeux du Commonwealth ; en Savoie (www.cg73.fr, services sports), l’agence départementale du tourisme a conservé des forces vives après les JO d’Albertville en 1992, ce qui peut servir la candidature d’Annecy pour 2018 ; l’Irlande du Nord (www.nievents.co.uk) a fondé une compagnie en 1997 (golf, sports motorisés, équestres) ; l’Ecosse (www.eventscotland.org) a lancé une société de joint-venture en 2003, supervisée par le ministère du tourisme ; l’office de tourisme du Tyrol (www.tirol.at/wintersporthighlights) est l’acteur principal pour organiser les JO, les Universiade à Innsbruck, le championnat du monde de hockey…

- Sur le plan national, le Danemark (www.sportdenmark.dk) créé un réseau d’organisations danoises locales, régionales et nationales concernées par le sport international, l’Irlande (www.sportireland.ie) rassemble les activités sportives à visibilité internationale (golf, rugby, voile, cross, sports équestres), tandis que le Qatar, qui s’est déjà fait refouler pour les JO de 2016 mais persévère, souhaite devenir la « capitale mondiale du sport » (www.experienceqatar.com> sports).

Les structures et les moyens sont donc variés : service/ office de l’administration municipale ou régionale, ministère, office du tourisme local, régional, national, agence publique spécialisée, réseau, association, partenariat, société privée… souvent appuyés par des actes gouvernementaux et des ressources financières et humaines publiques.

Aménagement et marketing dans les événements

Les grands événements tels que la dernière coupe du monde de football jouée en Allemagne, impliquent autant le marketing urbain que le marketing des villes (Rosemberg, 2000[1]), bien plus qu’une biennale (pensons à l’Estuaire de Nantes). Le marketing urbain, par l’intermédiaire des multinationales, investit le champ urbain des différents sites d’accueil de compétitions, tandis que le marketing de la ville aide les municipalités allemandes à donner une nouvelle image ou appuyer celle qui était déjà la leur. La troisième ville d’Allemagne, Münich, en s’appuyant sur son expérience de l’accueil des JO de 1972, aurait développé une image internationale en prouvant sa capacité à accueillir de grands événements et à préparer pour cela les aménagements urbains nécessaires (Vancutsem, 2005[2]). En effet, comme le rappelle de manière développée Maria Gravari-Barbas et Sebastien Jacquot (2007) avec les exemples de Lille et Gênes, l’accueil d’événement permet d’intervenir sur le tissu urbain de manière profonde, rapide et optimale en jouant sur la pression des échéances liées à ces événements et en légitimant ainsi l’évolution urbaine parfois radicale.

Pour permettre la mise en place de politiques de développement urbain acceptées par les habitants, les villes communiquent de plus en plus sur ces sujets à travers des expositions ou des manifestations ponctuelles[3]. Bordeaux, Nancy, Figeac, Nice ou le CIU de Rennes mettent en résonance les projets urbains et l’histoire urbaine dans différents lieux afin de communiquer de manière interactive avec les habitants.

L’exemple de Turin

Turin est en déclin, ses montagnes de l’Ouest n’étant pas en mesure de concurrencer les grandes stations internationales, ses montagnes du Nord étant mal équipées. Après une crise industrielle, son actuelle phase de transition l’incite à voir le tourisme comme une opportunité à saisir. Turin nécessite un net repositionnement sur la scène européenne mais aussi mondiale. Elle fait donc le choix d’accueillir les JO en 2006.

Turin a commencé à réfléchir à son avenir après la crise survenue suite à la phase fordiste de la « ville fabrique ». Avec le schéma directeur du Piano regolatore generale qui a l’objectif de réemployer les anciennes niches industrielles, la ville et la province ont notamment développé leur image à partir d’une diversification de la base économique urbaine avec le projet « Turin bouge toujours ». La ville a accru son tourisme qu’il a fallu accompagner dans une transition entre le tourisme d’affaire et le tourisme de loisirs suite à la crise industrielle. Un plan de requalification de l’offre touristique et des sports d’hiver a été élaboré avec comme mission d’augmenter et diversifier le passage touristique mais aussi d’améliorer la qualité de l’environnement.

Parallèlement, la ville de Turin a mis en place depuis 1990 une politique de valorisation du patrimoine et de l’offre culturelle afin d’adapter et qualifier le produit touristique pour une clientèle de loisirs, améliorer l’accueil et promouvoir le tourisme urbain. Pour cela, des actions ont été menées, notamment avec des labels qui vérifient la qualité des structures, l’accueil des touristes et de l’hébergement, une connaissance meilleure de l’anglais par les personnels, et de nouvelles techniques d’accueil.

Le processus de candidature olympique a été incorporé dans l’objectif de « lancer Turin comme ville de culture, tourisme, de commerce et sport » au sein du piano Strategico Turino internazionale de 1998. La candidature de la ville pour accueillir les Jeux Olympiques a donc été stratégique, validée en 1999. Les JO constituent une accélération potentielle extraordinaire pour les politiques de développement territorial et pour l’essor du tourisme, en insufflant une nouvelle dynamique aux projets en cours. L’accueil d’un événement sportif aussi important nécessite des transformations comme des infrastructures de transport entre Turin et les localités en montagne où ont lieu certaines épreuves Olympiques. Cette construction d’infrastructure a amélioré le système de transport et l’accessibilité, conditions pour le nouveau positionnement de Turin comme ville européenne.

Les transformations spatiales de Turin sont l’occasion d’utiliser les grands vides industriels urbains : les Marchés généraux et la Douane, les friches industrielles de la Spina2, de l’Italgas, le vieux stade municipal, l’aire des casernes avec l’hôpital militaire, le vieux Palavela.

Sans compter le vaste espace olympique, une portion de la Province de Turin, comprise entre Bardonnèche à l’ouest, Torre Pellice au sud et Turin à l’est, composée de deux pôles principaux : la municipalité de Turin et deux vallées alpines (Susa et Chisone). Les structures urbaines sont fortement concentrées dans un rayon de 2 km dans le «district olympique» du Lingotto.

Le renouvellement urbain turinois passe par l’enfouissement du chemin de fer dans la ville-centre. Les espaces libérés unifient la ville qui était alors divisée en deux. Ce projet, moteur de la transformation urbaine a permis à un nouvel axe de se moderniser, sur différents sites industriels en friche, mis en relation pour aboutir à 4 zones et à de nouveaux projets : (1) l’émergence de gratte-ciel pour métropoliser la ville ; (2) le dédoublement de l’école Polytechnique, une bibliothèque de 150 millions d’euros, la reconversion de l’officine des chemins de fer en « urban center » (collection d’art moderne) ; (3) un parc d’activités liées à l’environnement, des usines d’Acier, une église dédiée au Saint-Suaire, des activités d’artisanat mêlées à des industries de hautes technologies ; (4) un hôtel et un centre d’exposition, un grand centre commercial, le village Olympique, une passerelle au-dessus du chemin de fer, un pôle universitaire et une école de biotechnologie, la nouvelle implantation de Fiat.

Plusieurs pistes d’après JO sont envisagées.

- Une inertie des acteurs locaux avec aucune activité de gouvernance nécessaire au-delà du niveau local si l’on considère que l’évolution socio-économique et spatiale du territoire est la continuité des tendances actuelles. Chaque localité essaierait de saisir de différentes opportunités avec peu de concertation voire de la concurrence vis-à-vis de l‘héritage (équipement pour le sport ; infrastructures ; résidences secondaires).

- Le scénario de la compétitivité internationale se penche vers la formation d’un réseau de lieux d’excellence en fonction d’une demande de niveau international (Turin comme centre pour les grands évènements, les localités internationales des vallées en tant que centres spécialisés) pour lequel une gouvernance est nécessaire, pouvant se superposer à celle des communautés locales.

- Le scénario de la maturité créative présente l’espace olympique en tant que système intégré, qui répondrait à une importante demande intérieure, une qualité de vie pour les résidents en tant que site de loisirs, sport et culture, et aussi pour les touristes.

Développement culturel par les JO

La culture a été pensée dans les politiques de la région et de la ville comme un des champs de développement pour sortir de la crise de l’industrie. Au début des années 1990, une politique de régénération urbaine a été déclenchée avec la mise en place d’un plan régulateur qui instaure un pacte entre les pouvoirs publics et les multinationales, donnant une grande place à la culture.

Les différents plans mis en place ne se sont pas révélés toujours cohérents et les résultats des différentes politiques ont souvent été chaotiques (pas de cadrage unitaire, de véritable politique de croisement entre les différents acteurs, absence de cohérence) selon le chercheur Luca Dal Pozzolo de l’université Polytechnique de Turin.

Les dépenses publiques pour la culture ont augmenté à l’approche des JO. Avec le premier plan stratégique, dans une liste de différents projets, la culture a été mise au centre du développement de la ville avec peut être une surévaluation de la culture dans le développement local. Des milliards d’investissements ont concerné le patrimoine pour attirer des visiteurs. Par exemple, le palais royal de Venaria représente un investissement de plus de 300 millions d’euros. Afin de valoriser le patrimoine, des investissements ont permis de rebâtir les "couloirs du paysage", en développant notamment le métro et les tramways (mais les différentes lignes ne vont pas le plus souvent jusqu’aux points stratégiques selon L. Dal Pozzolo). La centralité culturelle existe grâce au district culturel central mis en place dans le centre ville, avec ses musées. Le musée égyptien, par exemple, a un fort potentiel mais son étroitesse d’accès et sa délicate restauration bloque son déploiement. D’une manière générale, les musées turinois sont d’abord de portée locale, n’attirant au-delà que lors des inaugurations ou d’événements particuliers. La croissance en nombre de musées est plus forte à Turin qu’en Italie, ce qui peut mener vers une concurrence néfaste qui anéantirait chaque structure culturelle (20 nouveaux musés en 10 ans, financés par la ville et la région, ce à quoi s’ajoutent les restaurations d’établissements non terminées).

Turin a offert des possibilités sur l’art contemporain et l’art plastique mais de manière souterraine, ce qui a eu un impact sur la restauration des bars et night-clubs et par là sur la ville pratiquée. Cela s’est fait avec un fort investissement du secteur privé et a davantage constitué un phénomène de mode qu’une expression artistique. Rappelons qu’il a été démontré que les efforts de design proposés dans les politiques montréalaises afin que les commerces soient embellis, n’améliorent pas la pérennité d’activités commerciales.

Au final, la vision culturelle de Turin est floue et continue de faire débat selon L. Dal Pozzolo, qui dénonce le manque de marketing du territoire et son objectif de donner une image cohérente à la ville. Certes, l’offre est plus importante mais ne permet pas de penser une image globale pour Turin. A cela s’ajoute le changement de la population de Turin (immigration forte) contrastant avec une image traditionnelle de la ville. Mais à l’exemple de Rennes, cette diversité d’actions sans cohérence peut traduire une métropolité nécessaire (Houllier-Guibert, 2008) pour une ville qui se veut mondiale mais qui a moins d’un million d’habitants.

Un changement d’orientation s’est opéré dans le deuxième plan, qui a donné plus d’impulsion au développement de l’économie de la connaissance. Les gros investissements pour les infrastructures des JO ont entraîné une baisse des dépenses pour la culture. En effet, le développement a été initié par les pouvoirs publics et les banques. Les industriels dont Fiat n’ont pas participé au financement de la transformation, essentiellement financée avec l’argent public, et ont entamé leurs propres modifications. A Rennes, la situation est la même pour Citroën qui ne travaille pas avec la ville, il faut dire que le constructeur auto n’est qu’un site de production.

Au final, un décalage entre les politiques d’investissement en infrastructure et la vision globale de l’industrie culturelle s’observe. Ville la plus ouvrière d’Italie, Turin n’a pas la même dimension en matière de culture que d’autres grandes villes.

La culture a plutôt permis un renforcement touristique même si les objectifs ne sont pas clairement affirmés. Son image pesante de « ville industrielle » va à l’encontre de la communauté d’artistes qui n’a pas une place puissante dans la mutation urbaine, ainsi, la dimension traditionnelle des œuvres contemporaines prend le dessus et éloigne Turin du statut de ville créative si souvent recherché (Florida, 2002). Toutefois, en Italie, l’image de Turin a évolué, surtout par rapport à sa concurrente historique Milan. La réputation de Turin s’améliorerait, décrite comme une ville agréable à vivre, avec une population jeune, source de culture.

Qui sera la prochaine ?

Evénement sportif temporellement et géographiquement circonscrit en tant que rendez-vous planétaire médiatisé, les JO d’hiver sont programmés et leur localisation est connue. Le compte à rebours est commencé pour le 3ème évènement sportif mondial après la Coupe du monde de Football et les Jeux d’été, qui rassemble 2 500 athlètes ; 7 sports, 15 disciplines, plus de 80 épreuves ; près de 20 000 volontaires et 90 000 accréditations ; souvent plus de 1.2 millions de billets vendus et 230 000 repas servis dans les villages olympiques.

Dans la lignée de la réussite de Marseille au capitalat européen de la Culture en 2013, Nice se lance à la conquête de l’organisation d’un événement international. Pour attirer les JO d’hiver en 2018 dans 11 stations de ski et à Nice même, une démarche de promotion territoriale est mise en place pour convaincre le gouvernement français de présélectionner la métropole azuréenne face à Grenoble et Annecy. C’est une belle occasion pour Nice qui est l’une des rares grande ville (avec Marseille) à être sous la même bannière politique que les présélectioneurs. Elle a donc une longueur d’avance, elle qui a été refoulée pour être ville européenne de la Culture en 2013.

L’outil de promotion internationale par excellence est le site Internet et les trois villes candidates n’en sont pas au même degré d’investissement.

- Grenoble, mis à part son logo aux allures de celui de l’Exposition universelle Terres des Hommes à Montréal en 1967, propose une page web pauvre, avec seulement une sollicitation à soutenir la ville en remplissant un formulaire.

Le Conseil Général de l’Isère et la communauté d’agglomération sont tout aussi frileux pour communiquer sur ce projet.

- Annecy a développé un site dynamique avec des films et son logo très proche de celui de Nice. Heureusement, ce sont des logos ponctuels puisque le logo officiel validé par le CIO sera conçu avec les symboles olympiques.

Alors que Nice avec son slogan "L’union Alpes Méditerranée" évoque la vision sarkozyste de l’Union pour la Méditerranée et en ce sens, rappelle ses affiliations avec le pouvoir en place, Annecy la joue plus classique avec un slogan bateau. C’est pourtant elle qui est la plus cohérente puisque les deux logos à la dominante bleue (et blanc-rouge, cocorico) ne sont pas très éloignés de celui de la marque d’eau minérale Evian... qui soutient Annecy, à travers le Président du groupe Danone. La banalité du slogan « l’enjeu grandeur nature » est aussi un positionnement différenciateur par rapport à deux pôles urbains qui évoquent la pollution. Depuis plusieurs mois, Annecy insiste sur l’adjectif « naturel » que la presse locale se plaît à reprendre pour décrire ce site olympique qui doit « naturellement » être choisi. Annecy met en avant le Mont-Blanc en tant que spécificité territoriale avantageuse tandis que Nice insiste sur l’atout littoral, tout aussi spécifique.

Les atouts classiques sont mis en avant sur les sites Internet :

Pour la Savoie, sont soulignés le berceau des JO d’hiver en 1924 avec Chamonix ; une capacité d’un million de lits touristiques ; le discours du terroir présenté par le gastronome Marc Veyrat ; le soutien économique avec le Président du groupe Danone (et avec lui tout de même 600 chefs d’entreprise) ; bien sûr les acteurs politiques locaux et les sportifs de haut niveau et même l’acteur de cinéma André Dussolier dont on connaît le lien fort avec les sports d’hiver (!). Toute la panoplie d’ambassadeurs est présente via les films numériques.

Notons la capacité à faire croire au soutien national lorsque le comité de pilotage de la candidature est décrit avec la co-présidence du maire d’Annecy, du Président du Conseil général, et du Président de l’Assemblée nationale. Les trois échelles sont successivement annoncées avec photo en portrait à l’appui, mais le site Internet, s’il répète plusieurs fois le statut national de Bernard Accoyer, insiste peu sur son rôle de député-maire d’Annecy-le-Vieux, ce qui lui vaut son soutien officiel en tant que figure locale.

Le logo d’Annecy est filmé entre les jambes d’un sportif en chute libre qui saute d’un avion, tandis que celui de Nice est une grande banderole portée par plusieurs skieurs qui descendent une piste (l’un d’eux tombe, est-ce mauvais signe ?).

La phrase judicieusement prononcée « 60% des coupes du monde en France s’organise en Haute-Savoie » laisse penser que cette candidature à une longueur d’avance, forte de l’organisation d’Albertville mais cela signifie aussi qu’elle a déjà eu sa part du gâteau.

- Nice tient la dragée haute aux concurrents avec un site développé (www.nice-2018.fr).

Les diverses disciplines sont décrites sous forme de fiches contenant les résultats de Turin 2006, comme pour montrer que Nice est au point sur l’état des lieux du sport hivernal et est digne de succéder à sa voisine alpine.

Outre les traditionnels parrainages et liste des stations de ski choisies, les outils de communication sont déclinés avec une revue de presse sur la candidature, alimentée par le comité de pilotage mais aussi par des flux RSS provenant des grands titres de la presse sportive et régionale et témoignant ainsi du soutien des médias ; la Web TV JO est une galerie vidéo composée de films et reportages relatant les différentes étapes de la candidature niçoise, aussi pleine que le site d’Annecy.

Les avantages de Nice

Pour Nice, (1) le transport avec notamment le tramway qui fonctionne depuis 2007, (2) le tourisme qui met en image le marché du cours Saleya du Vieux-Nice, (3) l’hôtellerie et la restauration dont le Negresco est le totem, sont autant d’images bien connues de la métropole. Les articles de presse soulignent le dynamisme touristique qui place Nice au deuxième rang touristique de France après Paris (4 millions de visiteurs par an) et les infrastructures qui sont déjà de niveau mondial : une expérience des niçois dans le domaine de l’accueil international ; une capacité d’accueil de 10 000 chambres d’hôtels classés[4] ; l’aéroport international ; le Palais des Congrès élu meilleur Palais des Congrès d’Europe plusieurs années de suite. Bien sûr (4) l’aéroport Nice Côte-d’Azur est le véritable élément différenciateur des concurrents puisqu’il n’est pas nécessaire de prendre le TGV pour les sportifs étrangers qui viennent à la compétition, et enfin, l’argument habituel du développement durable avec l’Eco-Vallée (5).

Tout comme la ville olympique de 2010 Vancouver, Nice est placée entre mer et montagne, ce qui est l’occasion d’être attaquée en tant que ville de mer, de soleil et donc avec peu de culture montagnarde. Mais le maire attaque avec un argument euclidien en rappelant que les Alpes sont plus près de Nice que de Grenoble et Annecy. Enfin, Christian Estrosi plante le clou en mettant de nouveau en avant son atout phare. Dans un article de Nice-matin, il dit : « J'entends des gens dire : mais comment vont-ils faire pour organiser les épreuves de bobsleigh ? Ce serait, là, notre terrible et fatal handicap. Chacun le sien. Mais je me demande quand même quel est le défi le plus insurmontable : construire une piste de bobsleigh d'ici 2018 ou se doter d'un aéroport international ? »

C’est l’aéroport qui sert de vitrine pour la candidature, ainsi que le QG qui est le palais des rois sardes dans le Vieux-Nice (ouvert au public 7/7). Ces lieux sont récupérés symboliquement, tout comme un ancien établissement de Fiat a servi à installer le contrôle et la direction des JO turinois.

Devant les huit grands visuels présentant les diverses disciplines des Jeux Olympiques d’hiver et les couleurs de Nice 2018 au sein du Terminal 2, l’équipe niçoise a présenté officiellement le nouveau logo devant les nombreux passants de l’aéroport. Les visuels informent en masse que Nice est candidate et ce, auprès du monde entier qui se croise à l’aéroport. S’il est assez aisé de valoriser les 38 compagnies aériennes qui desservent près de 100 destinations avec plus de 63 liaisons directes en provenance de 29 pays, l’Eco-Vallée en revanche n’est pas un projet immédiatement parlant.

L’objectif d’Eco-Vallée, habillée de son label d’opération d’intérêt national, est de rehausser fortement le niveau économique, de recherche et de rayonnement international de Nice-Côte d’Azur selon un nouveau mode de développement fondé sur le respect et la valorisation de l’environnement, sur l’attention portée à la santé et au bien-être en général, ainsi qu’à l’amélioration du cadre de vie pour tous.

Considérant la France comme souffrant d’une carence en matière d’internationalité, Nice-Côte d’Azur serait le territoire le mieux à même de constituer pour la France une seconde porte sur le monde après Paris. Les atouts de l’Eco-Vallée sont listés et c’est l’occasion de reprendre parmi eux, ceux avancés pour l’obtention des JO : l’aéroport international, le tourisme cosmopolite, les attraits pour le tourisme d’affaires, les banques étrangères, les dépôts bancaires d’origine étrangère, les résidents étrangers à fort pouvoir économique, le niveau technologique parfaitement adapté notamment dans le domaine des télécommunications, des aménagements de grandes envergures (Ligne à Grande Vitesse, réseau de tramway, pôle d’échange multimodal, aménagement d’accès routiers), logements répondant aux exigences du développement durable, équipements structurants comme un centre d’exposition de 80 000 m2 ou le renforcement de l’hébergement hôtelier et enfin, un centre et des institutions culturels en passant par l’habituel mise en avant de la recherche universitaire. On reconnaît là le profil de la ville riche de Nice qui attire quelques fortunes.

La cohérence spatiale du projet est réussie lorsque l’opération de 10 000 hectares longeant le lit du fleuve Var depuis le littoral jusque dans le moyen pays niçois, aboutit sur l’aéroport international Nice-Côte d’Azur qui est situé dans son delta. Le fleuve comme lien, ça marche toujours.

Difficultés de différenciation

Des avantages comparatifs sont mis en avant sur les sites d’Annecy et Nice.

Les 18 atouts pour Annecy 2018 sont une tentative plutôt ratée puisque les points forts sont récupérables par les concurrents. Certes, c’est l’occasion de montrer le panel d’atouts qui répond aux exigences de sélection et ces atouts là incitent la population locale à soutenir le projet, mais ce sont des pistes utilisées par la concurrence et qui distinguent peu le projet d’Annecy.

Les 18 atouts

niveau

Analyse

La Haute-Savoie (710 000 hab.), berceau historique des J.O. d’hiver (Chamonix en 1924) et des sports d’hiver français.

2

Grenoble a accueilli les JO et a aussi un passé élogieux.

La beauté de la ville d’Annecy, surnommée la « Venise des Alpes », au bord du lac le plus pur d’Europe. Un écrin idéal pour une cérémonie d’ouverture…

2

Une Venise de plus après les Venise vertes, du nord… Nice a la Méditerranée face au lac.

Un cadre naturel unique dominé par le Mont-Blanc (toit de l’Europe à 4810 m) bénéficiant d’un des meilleurs enneigements au monde.

1

Le Mont-Blanc est unique et la garantie de la neige rassure même si les concurrents sont bien dotés aussi (Nice un peu moins)

Un terrain de jeu exceptionnel, au cœur du 1er domaine skiable au monde et de la première destination mondiale de sports d'hiver (75 255 km de domaine skiable, 110 stations en Pays de Savoie parmi lesquelles les plus réputées du globe).

2

Les chiffres sont porteurs mais chaque site peut être premier de quelque chose.

Véritable carrefour européen, un territoire frontalier de la Suisse et de l’Italie.

3

Chaque territoire a la capacité à être un carrefour et les autres sites sont tout autant frontaliers, vu depuis l’Asie ou l’Amérique.

Une expertise reconnue en matière d’organisation de grandes rencontres (G8) et compétitions internationales : 60% des épreuves de ski alpin et nordique en Haute-Savoie.

3

Nice aussi a organisé des événements importants (traité de Nice)

Des Jeux à des coûts maîtrisés et respectueux de l’environnement grâce à l'existence, à ce jour, de près de 80% des infrastructures nécessaires.

2

Cet apport peut être anéanti avec d’autres coûts comme les infrastructures non-sportives

Une répartition optimale des sites prévus pour les épreuves, garantissant un haut niveau de performance aux athlètes et une fluidité des trajets entre les sites.

2

Critère technique qui sera plutôt utilisé face aux concurrents des autres pays.

Un vivier naturel de champions : 50 médaillés olympiques dont 15 champions olympiques en Pays de Savoie et 8 paralympiques issus de Haute-Savoie.

2

Les chiffres sont porteurs mais chaque site a ses champions. Il y en a peut-être un peu plus à Annecy.

Un accès aisé aux sites des épreuves grâce à un réseau de transports de qualité (3000 km de routes, 200 km d’autoroutes, le rail).

4

Les concurrents ne souffrent pas de cette faiblesse. Cet atout est plutôt annoncé pour ne pas être attaqué sur ce critère pour une ville moyenne.

4 aéroports dont 2 internationaux à proximité (Genève à 30 mn et Lyon/St Exupéry à 1h).

3

Mais c’est une bonne récupération de l’atout niçois car 30 mn, c’est autant qu’à Nice.

La vitalité du milieu sportif local 1290 clubs, 111 497 licenciés et 81 disciplines sportives pratiquées en Haute-Savoie.

3

A voir selon les chiffres des concurrents.

Un mouvement associatif dynamique (250 000 bénévoles en Rhône-Alpes, dont 20 000 en Haute-Savoie).

4

Les bénévoles de la région le sont aussi pour Grenoble. Chaque ville a son bénévolat pour un tel événement

Un département historiquement tourné vers le respect de la nature.

2

Différenciation avec les villes mais les autres départements sont aussi présents et tout aussi attrayants.

Un bassin économique performant (1er département de France pour sa concentration de PME, taux de chômage parmi les plus bas de France...) mêlant industries et activités de hautes technologies.

4

Les concurrents ne souffrent pas de cette faiblesse, au contraire. Cet atout est plutôt annoncé pour ne pas être attaqué sur ce critère pour une ville moyenne.

Une capacité d’hébergement d’un million de lits en Pays de Savoie, avec un parc étendu d’hôtels 3 et 4*, soit la plus grande au monde pour les sports d’hiver.

3

Les chiffres sont porteurs mais chaque sort des chiffres non-vérifiables.

Une forte tradition gastronomique, à la fois conviviale et haut de gamme (symbolisée par Marc Veyrat, seul chef de l’histoire à avoir décroché 20/20 au Gault & Millau).

2

Nice doit avoir ce qu’il faut sur ce plan, peut-être pas Grenoble

Une terre riche d’authenticité, attachée à ses traditions et aux valeurs montagnardes.

4

Argument racoleur

1 – Atout imparable qui différencie clairement et n’est pas récupérable

2 – Atout intéressant mais qui peut être récupéré par les concurrents d’une manière ou d’une autre

3 – Atout clairement récupérable par les concurrents si ce n’est déjà fait, et qui ne distingue pas

4 – Atout inutile, peu porteur voire raccoleur

Les 4 avantages niçois

niveau

Analyse

l’expérience en rappelant que plusieurs grandes épreuves sportives ont déjà été accueillies dans les différentes disciplines olympiques.

4

Grenoble a accueilli les JO et a aussi un passé élogieux.

la compétence en matière d’accueil d’événements internationaux (sommets internationaux) et des infrastructures de qualité (aéroport international et capacité hôtelière de premier ordre).

2

Annecy est au bord du Lac Léman et se place aussi en ville à hôtellerie de Luxe. L’aéroport de Genève est proche.

le projet du Grand Stade pour l’Euro 2016 pourra servir à héberger la cérémonie d’ouverture.

3

Annecy et Grenoble ont un passif d’infrastructure plus solide encore. Cela dit l’aménagement pour 2016 est immédiatement rentabilisé.

de nombreux sportifs ont été « couvé » dans la ville.

4

Cet atout est plutôt annoncé pour ne pas être attaqué sur ce critère vis-à-vis des concurrents très au point là-dessus.

Notons qu’Annecy présente un premier diagnostic avec les coûts du projet et les apports. C’est alors l’occasion de rappeler que les infrastructures sportives nécessaires sont déjà présentes à 80% dans le département, ce qui réclame des investissements inférieurs à 250 millions d’euros, en précisant bien que Turin a déboursé 350 millions. La précision suivante : « Pour avoir un ordre d’idée, le contournement de Thonon inauguré cette année a coûté près de 150 millions d’euros, financés en majeure partie par le Conseil général qui n’a pas augmenté sa fiscalité depuis 5 ans », indique que ce n’est pas aux autorités nationales que cette information est destinée, mais bien à la population locale qui pourrait s’inquiéter de sa coûteuse contribution à l’événement. D’où la nécessité de rappeler que « S’agissant du budget de fonctionnement des J.O. (environ 1 milliard d’euros), il est intégralement pris en charge par le CIO à travers les droits médias et les partenariats avec le secteur privé ».

De surcroît, les investissements sont à considérer au regard des retombées pour le territoire, en termes de développement économique et social (création d’emploi dans les secteurs du BTP et des services), prouvés par les analyses portant sur l’évolution de l’économie locale après les JO de Turin, qui font état d’une rentabilité d’1 euro dépensé contre une recette d’1,3 euro par an. Sur le plan de l’aménagement territorial, des « coups de booster » sont annoncés. L’événement est clairement utilisé comme argument pour faire avancer des projets qui traînent : L’aménagement de la 1508 du nord au sud d’Annecy, le contournement d’Annecy et le percement du tunnel sous le Semnoz, le renforcement ferroviaire du nord du sillon alpin sont « autant de projets, parmi d'autres, qui profiteront d’un coup d'accélérateur », pendant que d’autres projets peuvent voir le jour, à l’exemple d’un pôle de compétitivité dédié au tourisme et aux industries de sports d’hiver.

Visibilité politique

La concertation niçoise est assez facile puisque le Président du Conseil Général des Alpes maritimes et le maire de Nice sont la même personne. A travers cette candidature, c’est l’occasion pour le maire fraîchement élu C. Estrosi de montrer que Nice est dans une nouvelle dynamique ambitieuse. A ce propos, notons une phrase intéressante dans l’un des reportages du site : « C’est sans doute ce qu’il y a de plus attractif pour envoyer le plus beau visage de la France au monde entier »… euh, traduisons dans l’ordre : « pour en envoyer plein le visage à la France et au monde entier ». Et oui, toutes ces actions d’image, servent aussi au politique.


[1] Le marketing de la ville est celui des acteurs locaux et le marketing urbain correspond au palmarès des médias et de la presse plus précisément. Selon Muriel Rosemberg, ces deux types de marketing sont distincts mais en interrelation. En effet, entre la presse, les responsables des services com’ des villes, les experts en communication (consultants, publicitaires) existent des relations. On observe des connivences culturelles, repérables dans le langage, des connivences professionnelles permises par le passage d’un poste à un autre, les rencontres lors de colloques, les échanges d’informations et de services, contribuent aussi à renforcer les relations. La ville est soumise à une communication partiellement indépendante des acteurs locaux, la presse médiatise la ville en proposant des reportages souvent conformes au discours de l’équipe mais parfois aussi des messages éloignés de ce que souhaitent les acteurs locaux. Ainsi, "le marketing urbain par son existence même, exerce une contrainte forte à l’adoption de pratiques de marketing par la ville" (Rosemberg, 2000, p.63).

[2] Vancutsem D., 2005, « Grands événements et développement urbain », revue Urbanisme, n°344, sept-oct, pp.57-60 - urbaniste-conseil, architecte-paysagiste à Munich.

[3] Groueff S., 2005, « Quand la ville s’expose », revue Urbanisme, n°344, sept-oct, pp.61-63,

[4] 5000 chambres sur le secteur d’Antibes et de Cannes sont mentionnés comme pour rappeler à la fois que les villes voisines ont de la ressource et que de surcroît, elles sont elles aussi internationales ; inutile de préciser l’atout premier de Cannes en matière d’image.