Cet espace rassemble des informations sur la communication terrioriale,
prioritairement sur la promotion de la ville et la production de son image.

Les thèmes de la Culture, des Projets urbains, de la Proximité, du Patrimoine,
du Développement économique ou touristique, de la Durabilité sont souvent traités, essentiellement par les villes et métropoles mais parfois aussi
avec d'autres types d'espaces, quelles que soient les échelles.

Chirurgie esTourtique

En pleine reconversion, Nantes est une ville à la démographie dynamique qui, au fil du projet urbain Ile de Nantes, est en train de déployer de nombreuses opérations de visibilité extra-locales.
La symbiose des différentes actions mêle Culture, Urbanisme, Cadre de vie, Ecologie et tentative de rayonnement économique. La biennale Estuaire, l’éléphant et les machines de l’île sont des vecteurs culturels qui rendent Nantes avant-gardiste. Le palais de Justice ou l’école d’architecture sont des bâtiments qui appuie la métropolité. La revitalisation patrimoniale avec la réouverture du Château des Ducs en 2007 ont fait de cette année, le tournant de l’image de Nantes qui actuellement propose différents emblèmes renouvelés : la Tour Lu, l’éléphant et les géants, la cité des Congrès… auxquels se mêlent un patrimoine architectural joli mais peu grandiose (les places Graslin et Royale par exemple). Sur le plan économique, c’est le projet Euronantes qui est annoncé comme la nouvelle centralité économique connectée à la gare (pas tant que cela). Mais le site ne propose aucune visibilité architecturale, comme l’opinion publique peut attendre des quartiers d’affaire. Le plan d’urbanisme de Chemetof insiste sur les espaces verts et publics qui font de l’île un quartier de mixité qui n’a pas encore fait ses preuves en matière d’image externe. Loin du modèle des zones d’affaires vertigineuses comme le QIM (quartier international de Montréal), le Financial District de Toronto ou le Bankervientel de Francfort ; loin des exemples français que sont Paris-La Défense ou bien la quartier d’affaire La Part-Dieu à Lyon ou encore Euralille et bientôt Euromed à Marseille, le quartier d’affaire nantais n’offre pas d’architecture visible. Nantes n’a pas d’identité économique forte et n’a pas d’emblème économique à l’exemple de la Botte de Lille ou de la Tour du Crayon, ou alors technologique comme l’antenne de Rennes Atalante. Le choix volontaire de ne pas imaginer de totem puissants sur l’île de Nantes et de ne pas en proposer un nouveau à la place de la Tour Tripode détruite en 2005 pour cause d’amiante, témoigne d’une ambition d’image qui ne répond pas à la visibilité internationale dont les codes habituels sont des géosymboles simples et clairs. Pourtant Nantes justifie son action de développement économique par la quête de ce rayonnement international. Une piste se profile mais qui n’est pas prise en compte par les acteurs nantais : la Tour Bretagne. Même si les Tours ne sont pas à la mode (Paquot, 2007) en Europe, contrairement à l’Amérique et l’Asie, certaines tours poussent en France ces temps-ci pour appuyer le rayonnement des villes d’affaires. Tout comme Londres, déjà pôle financier mondial qui a très vite intégré dans son panorama le 30 St Mary axe qui symbolise la vitalité de La City. Son nom est lié à son adresse postale mais les Londoniens l’ont très vite surnommé the Gerkhin (le Cornichon), tout comme la Tour de la Part-Dieu est appelée le Crayon. En France, mis à part les tours parisiennes du quartier d’affaire La Défense, les tours de Lyon, Lille et bientôt Marseille sont les seules à évoquer le rayonnement économique des villes. - A Lyon, la Tour du Crayon (165 m) va bientôt être accompagnée de la Tour Incity avec ses 200 mètres de hauteurs et la Tour Oxygène (117 m) qui vont renforcer la dimension européenne d’une ville déjà bien située sur cette scène. - A Lille, la Tour Lilleurope (110 m) chevauche la voie ferrée tandis que la Tour de Lille, aussi appelée la Tour du Crédit Lyonnais (encore une) et surnommée la Botte est la troisième tour la plus haute de France hors Paris avec 120 mètres de hauteur. Elles ne parviennent pas à hisser Euralille parmi les quartiers d’affaire qui comptent en Europe, malgré les efforts architecturaux, accompagnés par le rayonnement culturel de Lille 2004. - A Marseille, la Tour Icade du quartier d’affaire Euroméditerrannée est prévue pour bientôt, ainsi que la Tour CMA-CGM qui va accueillir le siège de la compagnie maritime du même nom. Les 147 mètres de cette dernière vont faire perdre une place au classement des tours les plus hautes, à la Tour Bretagne de Nantes. Pour ne pas qu’Euronantes ne prennent la voie de Meriadeck à Bordeaux ou celle de Compans-Caffarelli à Toulouse qui pourtant bénéficie d’un centre des congrès, d’un palais des sports, de l’ESC, de l’hôtel de département et de sièges d’entreprises…, c’est-à-dire des quartiers d’affaires sans notoriété avantageuse, ne faut-il pas, à défaut d’un nouveau totem nantais, améliorer l’existant en rénovant l’actuelle Tour de Nantes et ses 144 mètres (175 m depuis la Cour des 50 otages) ? La tour à l’esthétique peu porteuse a besoin d’un toilettage, d’un rehaussement (pour conserver son rang en ajoutant 4 ou 5 mètres) et d’une redéfinition dans ses missions. Un hôtel d’affaire (Radisson au Crayon) peut occuper une place de choix dans cette tour, tout comme des entreprises en quête d’image (la SNCF qui va s’installer dans les 2/3 de la nouvelle Tour Incity avec sa direction nationale informatique). Les actuels travailleurs de la Tour sont issus de l’administration par défaut car le bâtiment n’a pas été attractif à ses débuts. Les budgets alloués à Nantes dans le cadre des politiques d’aménagement des métropoles d’équilibre n’ont donc pas été utilisés à bon escient, celui du développement économique. D’autant que l’échec est total avec la fermeture du toit-terrasse (trop de suicides s’y déroulaient) et la fermeture du restaurant panoramique au 29e étage. La tour est restée vide à ses débuts, ce qui laisse penser, outre les loyers excessifs, que les entreprises atlantiques ne cherchent pas une renommée qui passe par le standing à l’américaine. Mais dans la mesure où Nantes propose actuellement 200 000 m2 avec Euronantes, les 16 000 m2 de la Tour peuvent bien susciter le moindre intérêt et proposer une alternative pour les investisseurs. La Tour de 1976 peut légitimement demander un coup de pouce, depuis 30 ans qu’elle trône sur la ville, sans être particulièrement attractive et appréciée. Son heure est venue mais pour cela, il faut une volonté politique forte qui manque à Nantes pour s’imposer sur l’échiquier mondial. Actuellement, la Tour trouve une place dans les circuits touristiques de Nantes, mais elle mérite un peu plus pour que les touristes aient envie de visiter le prestige qu’il lui manque. Peut être envisagé un projet de rénovation urbaine qui embarque la place de Bretagne qui a la chance d’être traversée par le tramway, ce qui renforce une accessibilité qui n’était pas si évidente malgré sa centralité euclidienne. Un projet artistique, d’embellissement, serait une vraie preuve de l’internationalité nantaise qui pour l’instant semble davantage relever de la performativité.

Gentrification & image

La gentrification est un phénomène considéré comme dangereux par des géographes, comme Saskia Sassen, Neil Smith ou David Harvey qui ont réalisé des études montrant des effets néfastes sur le Droit à la ville sur l’espace public, les transports, l’exclusion financière, la citoyenneté urbaine ou l’imagination spatiale. Dès les années 1960, la gentrification ou l’embourgeoisement d’un quartier peut être pensée de deux manières :
- du point de vue de la consommation (Ley, 1996) avec la description des populations concernées par le mode de vie bobo, le baby-boom, l’optimisation de la mobilité urbaine, la patrimonialisation des quartiers pauvres, la quête de centralité pour habiter…,
- du point de vue de la production avec la vision de N. Smith (1986) qui est d’abord économique (détérioration du marché immobilier qui incite à acheter dans les quartiers pauvres ou en désindustrialisation, et fait de la gentrification un produit structurel du marché immobilier). Ce géographe démontre que toute installation de ménages à revenus moyens ou supérieurs dans les quartiers pauvres relève d’une stratégie d’exclusion orchestrée par la pensée libérale. L’un des symptômes de ce phénomène pervers est, selon lui, l’augmentation du prix du sol. La recherche de Sharon Zukin, avec l’exemple des lofts d’artistes dans le quartier new-yorkais de SoHo (1982), combine ces deux manières de penser en considérant la gentrification comme émanation de la combinaison Culture/ Capital.
En reliant la gentrification aux politiques urbaines, N. Smith sépare la gentrification comme processus marginal initié par quelques acteurs privés (depuis les années 1970) puis comme outil des politiques urbaines mettant en jeu des financements publics et privés (depuis les années 1990). Le géographe parle de « gentrification comme stratégie urbaine globale » puisqu’au delà de la réhabilitation de bâtiments, elle concerne l’implantation d’équipements culturels ou économiques, la naissance de nouveaux quartiers sur d’anciennes friches industrielles ou encore de waterfront. Comme une stratégie urbaine généralisée, elle tisse les intérêts des gestionnaires municipaux, des promoteurs et des propriétaires, mais aussi des employeurs et des institutions culturelles et éducatives, à l’exemple de Glasgow (Smith, 2003).

Dans cette évolution, la gentrification est facteur d’image de l’espace, que ce soit le quartier concerné ou plus largement la ville. Les promoteurs privés et les institutions publiques recréent un lifestyle (Thomas, 2006) basé sur un environnement pittoresque et villageois plébiscité par la population cible : la rue piétonne, les pavés, les candélabres du Paris d’antan sont valorisés ; des lofts ou des logements avec cours évoquent la mémoire ouvrière et industrielle et sont prisés. Des nouvelles zones de divertissement commercial comme Bercy Village émergent, ou bien des cafés confinés à l’ambiance ethnique, intime et populaire sont appréciés. Cependant, les trajectoires des quartiers mettent en évidence que le lien entre qualité de l’offre de transports publics, aménagement urbain et processus de gentrification sociale ne sont pas toujours corrélés (Thomas, 2006).

La gentrification relève du discours. Comme le précise Marie-Hélène Bacque & Yankel Fijalkow (2006), malgré l’inachèvement du processus de gentrification du quartier de la Goutte d’or, sur un plan statistique, les principaux débats locaux du quartier (commerces, équipements, espaces publics), entre les associations et les pouvoirs publics, sont dominés par les effets de l’embourgeoisement et mènent vers un projet fondé sur trois réactions : la promotion du village, la défense du patrimoine et un désir de mixité sociale. Ainsi, l’idée de gentrification donne des effets avant même que le phénomène soit pleinement vérifié.

En France, la gentrification tend vers l’éviction des classes populaires et moyennes du centre de l’agglomération mais s’accompagne provisoirement d’une plus grande mixité sociale et « ce mélange social est souvent considéré positivement par les pouvoirs publics comme par les gentrifieurs eux-mêmes, sans que l’on connaisse vraiment la réalité de leurs pratiques » (Clerval, 2008). Ainsi, à défaut de connaître les relations de mixité sociale, l’apport d’image de la gentrification est incitatif pour les politiques. L’embourgeoisement améliorerait l’image des quartiers dégradés et par ricochet, l’image de la ville.

Chamonice

En devenant la 15è communauté urbaine de France, Nice fait sa pub.

Le discours de l'affiche essaie d'aboutir le double objectif intra-extra-territorial. L'intra est exprimé par le slogan "L'avenir en partage" et la liste des communes participant à la CU. Mais l'unité de la CU doit prédominer et c'est pour cela que la liste des communes n'est pas dans un choix de typographie des plus visibles et que bien sûr, ce qui prime, c'est la NCA.
Le texte est erroné lorsqu'il annonce la naissance de Nice Côtes d'Azur. Certes, la CU vient de naître, mais cela fait quelques années que l'expression Nice Côtes d'Azur est utilisée dans la promotion de la ville, de son aéroport ou de son développement touristique. Seule la structure intercommunale change mais le nom reste le même, ce qui est une preuve de bonne intelligence d'image, là où d'autres territoires font l'erreur de modifier leur nom à chaque évolution territoriale.

Enfin, cette publicité est l'occasion de mettre en visuel la proximité de la ville avec les Alpes et la neige car l'actualité fait que Nice veut être élue comme candidate nationale des JO 2016. Cette photo fait suite à une autre diffusée sur le site internet de Nice et qui a décrié la chronique, comme le rappelle ce lien qui mène vers une analyse de géomatique bien ficelée.

la BD d'Angoulême

"Dans la capitale mondiale des bulles" est le titre accordé dans le journal québécois La Presse, pour parler sur une demie-page du 36è festival de la bédé qui se déroule à Angoulême. Cela change d'un propos tiré du journal Le figaro il y a quelques années qui précisait que le festival se passait "à Angoulême, c'est-à-dire nulle part".
L'article québécois se focalise sur la capacité d'une "modeste ville" qui "ne dépasse pas 60 000 habitants en comptant large" à focaliser l'attention médiatique. Rassembler plus de 1000 professionnels et 200 maisons d'éditions, 500 journalistes dont presque la moitié d'étrangers et en plus faire en sorte que tous les grands médias français fassent des éditions spéciales sur l'événement (Libération et son "tout en BD" par ex) ; semble relever de l'extraordinaire. L'interview du directeur artistique est une manière de placer hautement le festival sans que le journaliste n'annonce des informations difficilement évaluables. Ainsi, le festival rival est le californien de San Diego - et encore, il se limite à la production américaine et asiatique -. Exit donc le festival de Bruxelles qui n'est nulle part mentionné alors que Maria Gravari-Barbas (2005) l'annonce comme un festival plus important.
Le festival d'Angoulême est décrit comme "en France, le seul festival non parisien qui soit devenu et demeuré un rendez-vous culturel international et incontournable. Mis à part les cas très particuliers de Cannes et d'Avignon". Rien que ça.
Il faut dire que cette année, le festival a de quoi attiré les médias québécois. Sur le grand écran de la bien nommée cité internationale de la bédé et de l'image, un Welcome in Angoulême est lancé par Steven Spielberg et Peter Jackson qui ont eu l'humour de se déguiser en Dupond et Dupont afin de lancer officiellement le tournage de l'opus 1 du Secret de la Licorne le lendemain aux USA.
On est loin du slogan des années 1980 "Angoulême sort de ses pantoufles" et cela fait un moment que la ville a inscrit spatialement son festival dans la pratique urbaine d'Angoulême. Des rues ont été rebaptisées dont la voie piétonne principale qui accueille un buste d'Hergé. Les bulles fourmillent dans la ville pour que le passant qui a oublié que le festival se tient là chaque année pendant 4 jours, s'en souvienne.
Le festival est né pour montrer que la ville innove et pour se différencier des autres villes.

Gravari-Barbas M., (2005), (en collaboration avec V. Veschambre), S’inscrire dans le temps et s’approprier l’espace : enjeux de pérennisation d’un événement éphémère. Le cas du Festival de la BD à Angoulême, in G. di Méo (coord.), Le renouveau des fêtes et des festivals, Les Annales de Géographie, 285-306